La force onusienne est installée dans des containers. Mais elle est active depuis vingt-cinq ans. Et le Kosovo pourrait avoir besoin de son aide encore longtemps
Delphine Gasche- Pristina*
La KFOR fête cette année un bien triste anniversaire. Cela fait vingt-cinq ans qu’elle est déployée au Kosovo. Et sa présence semble plus indispensable que jamais. Les troubles dans le Nord – à majorité serbe contrairement au reste du pays – ont pris de l’ampleur ces dernières semaines avec la volonté affichée d’Albin Kurti de «recoloniser» ces régions.
Le premier ministre kosovar accule la communauté serbe en fermant ses institutions les unes après les autres. Et il saupoudre le tout de provocation, venant prendre par exemple le café dans un bistrot historiquement serbe de Mitrovica. Albin Kurti va jusqu’à affirmer devant les médias que la population locale accepte ses mesures, alors que des manifestants sont arrêtés à deux pas.
En face, la réponse est étonnamment faible. Des démonstrations sont organisées. Mais elles ne dégénèrent pas. Plusieurs éléments l’expliquent. La disparition des leaders contestataires en même temps que le démantèlement des structures parallèles serbes. Le renforcement et la militarisation de la police kosovare dans le Nord. Et l’absence de réaction de la Serbie elle-même.
Le dialogue politique est au point mort. Pristina et Belgrade se rencontrent à nouveau ce mardi pour parler des tensions interethniques. Mais aucune avancée n’est attendue. Le Kosovo n’est pas prêt à abandonner le Nord, où se trouve le lac de Gazivode. Sans son eau, impossible de faire fonctionner les centrales électriques d’Obiliq, principales fournisseuses du pays. La Serbie ne digère toujours pas, elle, d’avoir perdu son ancienne région.
En attendant, c’est la population qui trinque. Les Serbes sont contraints de naviguer entre deux systèmes politiques quasi incompatibles. Et les Albanais de vivre en tensions permanentes avec leurs voisins./ Tribune de Genève
- Delphine Gasche est correspondante parlementaire à Berne depuis mai 2023. Spécialisée en politique, elle couvre avant tout l’actualité fédérale. Auparavant, elle a travaillé pour l’agence de presse nationale (Keystone-ATS) au sein des rubriques internationale, nationale et politique.