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vendredi 22/11/2024

ATS: Élections en Suisse Moins de chances d’être élu avec un nom de famille étranger

Les personnes portant un nom de famille aux consonances étrangères sont discriminées lors des élections, selon une étude universitaire. Il est toutefois possible d’agir pour éviter cette dévalorisation.

Les personnes dont le nom de famille a une consonance étrangère ont moins de chance de se faire élire, selon une étude des universités de Lucerne et de Genève. Mais les partis peuvent contrer certains effets.

Nenad Stojanović et Lea Portmann ont analysé 600’000 bulletins de vote de l’élection au Conseil national de 2015. Ceux-ci contiennent des informations détaillées sur le nombre de fois qu’un candidat a été biffé ou ajouté à une liste de parti.

Sur la base d’un lexique en ligne qui liste tous les noms de famille enregistrés dans les communes, les chercheurs ont différencié les candidats avec un nom «suisse» de ceux qui ne portent pas un nom typiquement helvétique. Les premiers apparaissent avant 1940 dans le lexique, les deuxièmes dès 1940 et, selon l’impression des électeurs, indiquent un contexte de migration.

Double discrimination

Les résultats montrent que les personnes qui n’ont pas de nom typiquement helvétique sont doublement discriminées. D’une part, ils sont plus souvent retirés des listes de parti. Ceci indique une dévalorisation des candidats «étrangers», un phénomène appelé «Outgroup Hostility» plus présent parmi les électeurs de droite.

D’autre part, les électeurs cumulent plus souvent le nom des candidats «suisses». Ils préfèrent ces candidats et leur fournissent un avantage, notent les auteurs de l’étude. Cette forme de discrimination appelée «Ingroup Favoritism» est perceptible dans les partis de droite et du centre, selon ces travaux publiés dans la revue Comparative Political Studies.

Le rôle des partis

Les partis peuvent contrer cette double discrimination grâce aux listes, selon les auteurs de l’étude. Mettre les candidats avec un nom à consonance étrangère plus haut dans leurs listes permettrait de neutraliser leur handicap, estiment-ils.

Dans une précédente étude réalisée après les élections de 2015, Nenad Stojanović, alors politologue à l’Université de Lucerne et aujourd’hui à celle de Genève, avait montré que la part des parlementaires issus d’un contexte migratoire s’élevait à 5,5% au Conseil national et 6,5% au Conseil des États. Un travail également mené sur la base des noms de famille.

Or la part de la population adulte en Suisse issue d’un contexte migratoire atteint près de 38%, selon l’Office fédéral de la statistique. Un peu plus d’un tiers (13%) sont naturalisés et disposent de l’entièreté des droits politiques. / ATS – SDA (Le Canton27.ch)

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