L’ancienne conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey a désormais son nom honoré au Kosovo. Une plaque inaugurée le 3 août en présence de la Genevoise a été dévoilée à Viti, chef-lieu d’une communauté de communes de près de 50 000 habitants, situé au sud-est du Kosovo, entre Pristina et Skopje. Sur cette plaque est écrit «Sheshi i Micheline Calmy-Rey» (Place Micheline Calmy-Rey). C’est l’agence de presse albanaise Presheva Jonë, basée à Genève, qui avait lancé en 2011 déjà l’idée de nommer «Calmy-Rey» une place au Kosovo.
Les autorités kosovares ont choisi la bourgade de Viti car, comme l’a rappelé le maire de la ville, Sokol Holiti, la plupart des Kosovars de cette ville sont établis à Genève. La Suisse a reconnu le Kosovo dix jours après la proclamation de son indépendance, le 17 février 2008. A l’époque, la capitale serbe, Belgrade, avait exprimé son mécontentement et rappelé son ambassadeur en poste à Berne. La position de Mme Calmy-Rey en faveur de l’indépendance du Kosovo, parfois critiquée en Suisse, l’a rendue célèbre à Pristina. «Le Kosovo n’avait rien à voir avec la Crimée. Le Kosovo sortait d’une guerre. Les gens étaient en danger», a souligné Micheline Calmy-Rey.
Des centaines de citoyens et d’enfants en habits rouges, blancs et noirs, brandissant les drapeaux suisse et kosovar, ont manifesté leur enthousiasme lors de la cérémonie. C’était vraiment une fête! Parmi les participants, il y avait également les autorités suisses, comme Eric Leyvraz, président du Grand Conseil de Genève.
«Je suis assez fière d’avoir été l’avocate de l’histoire… de l’indépendance du Kosovo, a dit à Pristina Mme Calmy-Rey. On a été les premiers au Conseil de sécurité à évoquer la question de l’indépendance du Kosovo. J’ai levé la main, j’ai expliqué les arguments suisses et Condoleezza Rice (alors ministre des Affaires étrangères du président George Bush) hochait du chef.»
Aujourd’hui, plus de 250 000 Kosovars vivent en Suisse (soit près de 10% de la population du Kosovo). Ils soutiennent directement leurs proches. On estime que ces transferts d’argent améliorent la vie de quelque 500 000 personnes. Plus de 200 entreprises suisses se sont établies depuis 2003 dans la jeune nation. Les importations en provenance du Kosovo ont atteint un volume modeste de 17 millions de francs en 2016, principalement des produits agricoles.
Neuf ans après l’indépendance, la Confédération soutient toujours le développement du pays, qui reste englué dans une crise économique et politique et est miné par la corruption. Elle y stationne 235 soldats de la Swisscoy. Ce contingent devrait continuer d’œuvrer à la stabilité du Kosovo jusqu’à la fin de 2020.
D’autres pays ainsi que des organismes internationaux sont encore présents dans le pays, qui peine à acquérir les bonnes pratiques d’un Etat de droit, dix-huit ans après la fin du conflit avec la Serbie de Milosevic. Est-ce que les autorités kosovares sont incapables de conduire leur Etat? Ou alors est-ce que, pour les internationaux, le Kosovo est devenu un enjeu pour leur mission? A ces questions, seuls Pristina et les internationaux peuvent répondre…