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vendredi 22/11/2024

Calmy-Rey : La Suisse a été le premier pays à discuter de l’indépendance du Kosovo au CS de l’ONU, qui est ensuite intervenu à la CIJ à La Haye malgré les pressions serbes et russes

Mme Micheline Calmy-Rey, ancienne ministre des Affaires étrangères et présidente de la Confédération suisse au Palais de l’Athénée avec le journaliste Nefail Maliqi, du journal suissse en albanais Le Canton27.ch

Genève, 26 octobre -Dans le cadre du Salon du livre, qui s’est déroulé à Genève du 21 au 24 octobre 2021, nous avons rencontré Mme Micheline Calmy-Rey, ancienne ministre des Affaires étrangères et présidente de la Confédération suisse qui, forte de ses expériences, est venue présenter son dernier ouvrage « Pour une neutralité active. De la Suisse à l’Europe ».

Micheline Calmy-Rey présente son dernier livre “Pour une neutralité active-De la Suisse à l’Europe” où elle parle aussi du Kosovo

Question posée par le rédacteur du journal Suisse en albanais Lecanton27.ch:  Dans le cadre du modèle suisse pour les pays étrangers, quelle est la place du Kosovo dans votre livre? Que pensez-vous de la situation actuelle au Kosovo? Il y a une place publique aujourd’hui portant votre nom à Pristina ! Grâce à la Suisse, nous avons retrouvé la paix, il n’y a plus de massacres ni de purification ethnique. La politique de notre nouveau gouvernement va dans ce sens?

Réponse de Madame Calmy-Rey: « Le cas du Kosovo est très intéressant. La Suisse a été le premier pays à parler de l’indépendance du Kosovo au Conseil de sécurité des Nations Unies.

Cela avait étonné une bonne partie de la communauté internationale. A l’époque on disait que le Kosovo devait respecter les standards des droits humains avant de parler de son statut. Or la Suisse est arrivée devant le Conseil de sécurité de l’ONU en disant au contraire qu’il fallait d’abord parler de son statut et que par la suite on pourrait avoir des personnes à la tête du pays qui auraient répondu d’éventuelles violations en termes de gouvernance et de droits humains. Notre position a été suivie par l’Assemblée générale des Nations Unies, mais par par l’ensemble de la communauté internationale. C’est alors que le Kosovo a proclamé unilatéralement son indépendance. Certains ont dit alors que c’était une violation de la neutralité de la part de la Suisse et qu’elle avait pris parti au niveau international en faveur du Kosovo. S’en est suivi un recours de la Serbie devant la Cour internationale de justice contestant l’indépendance du Kosovo. La Suisse a répondu par la suite à cette même Cour qui a reconnu l’interprétation de la Suisse. Cela signifie qu’en droit international il y a deux principes qui se contredisent: l’intégrité territoriale d’un pays et l’autodétermination des peuples. Il se peut que l’autodétermination des peuples ait la priorité sur l’intégrité territoriale lorsque les populations sont mises en danger d’être exterminées. Et on a considéré que cela était le cas pour le Kosovo. Donc la proclamation d’indépendance du Kosovo n’était pas contraire au droit international. Donc dans ce sens la Suisse n’a pas agi à l’encontre de sa position de neutralité en prenant parti dans le cas du Kosovo à cause du danger d’extermination. Ce qui est intéressant c’est que le président Poutine a utilisé les mêmes arguments lors de l’annexion de la Crimée. Or il faut savoir qu’en Crimée, il n’y avait aucune population menacée de génocide !
Actuellement la situation au Nord du Kosovo est difficile. Il y a des communes à prédominance serbe qui sont très liées à la Serbie voisine et qui contestent l’autorité du Kosovo. Donc vous avez deux systèmes judiciaires, deux systèmes de sécurité sociale qui coexistent, l’un financé par la Serbie, l’autre qui peine à s’imposer. Il y a donc des tensions permanentes au Nord du Kosovo, comme au sud de la Serbie d’ailleurs. A ce stade l’Union Européenne pourrait jouer un rôle puisque la Serbie est candidate à entre dans l’UE.
Je trouve très dommage qu’on n’arrive pas à faire coexister différentes langues, religions, cultures dans un même pays. C’est finalement ce qu’on a fait en Suisse! Et si nous n’avions pas un système, certes compliqué à comprendre, comme le nôtre, nous n’arriverions pas à nous entendre avec la Suisse alémanique et italienne. Il faut se rappeler qu’à la fin du 19ème siècle il y a eu des guerres de religion en Suisse! Nous avons donc réussi à élaborer un système où différentes communautés vivent et cohabitent pacifiquement. Et dans notre monde actuel, ce problème de la coexistence pacifique est de plus en plus d’actualité, car les gens bougent, s’installent. Malheureusement des minorités sont constamment opprimées. J’estime difficile à comprendre que nous n’arrivions pas à trouver des solutions pour vivre ensemble. »

La réciprocité peut stabiliser la situation entre le nord du Kosovo et la vallée de Presevo !

« Je pense que la meilleure solution entre le nord du Kosovo et la vallée de Presevo est de respecter la réciprocité, alors quels droits auront les Serbes du Kosovo, les mêmes droits et le même statut que ceux dont jouissent les Albanais de souche dans la vallée de Presevo », a-t-il déclaré. Mme Calmy-Rey

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