Lors des dernières élections municipales, des voix se sont élevées pour dénoncer le prétendu «vote communautaire albanais», notamment à Onex, Vernier ou Meyrin. Pourtant, personne ne s’est indigné lorsque, ces dernières années, des candidats d’origine italienne ou espagnole mobilisaient leur réseau de manière tout aussi naturelle.
Pas un mot non plus sur les soutiens affichés par les chambres de commerce, les syndicats patronaux ou les associations pro-vélo ou pro-écologie, qui recommandent ouvertement certains candidats. Pourquoi ce deux poids, deux mesures dès qu’il s’agit de la communauté albanaise?
Être albanais n’est pas un programme politique, c’est une origine, une composante identitaire.
Il est donc parfaitement logique que des candidats issus de cette communauté soient présents et visibles dans les communes où elle est fortement implantée. Cela ne devrait étonner personne.
On ne s’interroge jamais, en revanche, sur l’absence de diversité dans les communes les plus aisées du canton. Là, aucun débat ne semble émerger.
La communauté albanaise est politisée depuis longtemps, en raison de son histoire. Son engagement actuel s’inscrit dans cette continuité. Et c’est, à mes yeux, un signe clair d’intégration réussie: s’intéresser à la vie publique, participer au débat démocratique, assumer des responsabilités. Peu importe l’origine, cet engagement est une richesse pour notre société.
Enfin, si certains candidats d’origine albanaise ont été élus, nombreux sont aussi ceux qui ont été biffés ou non élus. Ce constat contredit clairement l’idée d’un vote exclusivement communautaire.
Tant que le cadre légal est respecté, rien ne justifie de remettre en cause l’engagement de citoyens. Au lieu d’alimenter des polémiques inutiles, posons-nous plutôt la véritable question de ces élections: un taux d’abstention de 70%. (Tribune de Genève)
- Ferati Leonard, Député au Grand Conseil