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vendredi 22/11/2024

Leuenberger: Bonne fête du 1er août! Je plaide pour la solidarité au niveau international et pour une Suisse ouverte

Fête nationale à Cortaillod (NE) le 31 juillet 2013 Discours d’Ueli Leuenberger, Conseiller national (GE)

Chers habitants de Cortaillod,
Chères concitoyennes, chers concitoyens, avec ou sans passeport rouge à croix blanche,
Chers enfants,
Nous fêtons le premier août. A travers notre pays c’est aujourd’hui et demain le moment des discours patriotiques. Les autorités de Cortaillod ont pris peut-être quelques risques en m’invitant comme orateur, – moi un patriote apparemment pas trop typique. Mon discours ne sera donc pas trop typique non plus, patriotique oui, mais je laisse Guillaume Tell et sa pomme aux autres orateurs du premier août.

Si patriotisme veut dire « le sentiment d’attachement à la communauté nationale à laquelle on appartient et qui se manifeste par le désir de la servir », je suis certainement patriote, tout en revendiquant l’élargissement de mon attachement à toute la communauté plurilingue et multiculturelle dans notre pays. J’ai certainement aussi un attachement accrue avec ceux qui vivent et travaillent heureux ou dans la douleur ailleurs dans le monde. Etre patriote n’a rien à voir avec être nationaliste.

Etre solidaire chez nous et être solidaire avec le reste du monde, s’engager pour les autres et pour l’environnement sont des valeurs suisses, elles sont clairement ancrés dans notre Constitution. Au moment où certains patriotes autoproclamés stigmatisent à tue-tête des groupes entiers de notre population à cause de leur origine, leur statut, leur ethnie ou la couleur de leur peau, je souhaite qu’on fasse mieux connaître notre Constitution suisse et qu’on relise en particulier son préambule qui dit :
« Conscients de leur responsabilité envers la Création, Résolus à renouveler leur alliance pour renforcer la liberté, la démocratie, l’indépendance et la paix dans un esprit de solidarité et d’ouverture au monde, Déterminés à vivre ensemble leurs diversités dans le respect de l’autre et l’équité, Conscients des acquis communs et de leur devoir d’assumer leurs responsabilités envers les générations futures, sachant que seul est libre qui use de sa liberté » en concluant : « que la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres.

J’aime bien ce texte qui ne date pas de 1291, mais de 1999. C’est un texte fort. Notre Constitution plaide donc pour une Suisse solidaire, solidaire avec ceux qui vivent dans notre pays et ceux qui vivent dans le monde. Elle plaide pour une Suisse ouverte au Monde et respectueuse de l’environnement dans lequel nous vivons. Qu’on se le dise !

Je raconte de temps en temps les propos de l’acteur et humoriste français d’origine marocaine, Jamel Debbouze, qui m’ont fait beaucoup de plaisir. Interviewé sur un plateau de télévision et questionné par le journaliste sur ses origines, il ne cessait de répéter à la question d’où il venait : d’être «d’ici ». En concluant finalement avec la jolie phrase que « nous sommes tous des « iciciens ».

Quand je traverse mon quartier et le marché de Plainpalais chez moi à Genève, je croise mes amis genevois, je bois un café avec un copain suisse alémanique, tunisien, turc ou arménien ; je discute avec une famille kosovar ; j’échange quelques mots avec des voisins portugais, italiens, espagnols et africains : tous des « iciciens ». Oui, Mesdames, Messieurs, chers enfants, nous sommes tous des « iciciens ». Etroitement liés et dépendant de ce qui ce passe non seulement chez nous, mais de plus en plus de ce qui se passe ailleurs dans le Monde.

Ce sentir « d’ici », être « icicien » est important, c’est important d’appartenir à une communauté. Lorsqu’on vous demande d’où vous venez vous répondez peut-être : je viens de Cortaillod, ou : je suis du Canton de Neuchâtel, ou : je suis Suisse. Mais l’appartenance ne passe pas forcément par la géographie, c’est aussi une question de la cohésion sociale : Car est-ce que quelqu’un qui a de la peine à nouer les deux bouts à la fin du mois se sentira appartenir à notre société ? Est-ce qu’un travailleur de plus de 55 ans au chômage se sentira de faire partie de notre société. Est-ce qu’un jeune qui ne trouve pas de place d’apprentissage ou de travail et qui n’arrive pas à avoir de perspectives, ne se sentira pas exclu ? Pratiquer de la solidarité, ne pas permettre la mise à l’écart de ceux qui vivent et travaillent dans notre pays représente pour moi – et j’espère aussi pour vous tous, un devoir patriotiques.

L’appartenance, les appartenances prennent une place importante dans la société. N’oublions pas que nous appartenons non seulement à la Suisse mais aussi à l’Europe et au Monde. Je plaide pour que l’engagement pour sauvegarder notre planète et les habitants qui y vivent prenne une place plus importante. Non seulement dans les discours, mais dans les actes.

Je plaide aussi pour la solidarité au niveau international et pour une Suisse ouverte..
N’oublions pas que pendant que la moitié du monde a faim, l’autre moitié mange beaucoup trop ou manque souvent d’appétit. Oui, la famine dans le monde nous concerne, c’est certainement le plus grand scandale de notre époque ! D’autant plus qu’on se rappelle que mille-deux-cents-milliards de francs sont gaspillés chaque année pour l’armement dans le monde.

Mais le plus grand danger qui nous guette ici en Suisse, comme partout dans le monde sont les dangers du aux changements climatiques. Ses conséquences désastreuses pour nous et avant tout pour les générations futures doivent nous inciter à l’action. Agir d’une manière responsable et déterminée pour l’avenir de notre planète est urgent. La communauté scientifique mondiale nous alerte régulièrement avec insistance et les évènements météo extrêmes nous devraient inciter à la réflexion et à l’action.

C’est par ailleurs un mystère pour moi comment certains peuvent affirmer haut et fort d’être patriote, donc d’aimer leur pays et rester totalement indifférent face au réchauffement climatiques et la menace des catastrophes climatiques. Pourtant les transformations profondes de l’environnement sont clairement visibles, aussi chez nous. La disparition de nos glaciers et du permafrost, les inondations et éboulements réguliers aussi dans notre pays ne sont que l’iceberg visible des changements climatiques. Pendant ce temps les vrais icebergs au pôle nord et pôle sud fondent de plus en plus.

Soyons patriotes, efforçons-nous de regarder plus loin que nos frontières et refusons fermement le nationalisme. Je vous invite d’y réfléchir, je vous invite d’agir dans ce sens en tant que citoyenne et citoyen, en tant qu’habitante et habitant, dans votre commune, dans votre canton et dans notre pays. Car l’indifférence, l’égoïsme, la xénophobie et le racisme, ne sont pas des valeurs suisses. Œuvrons ensemble pour une Suisse ouverte et solidaire.

La relecture attentive du préambule de notre Constitution me donne raison, nous donne raison en affirmant :
« Conscients de leur responsabilité envers la Création, Résolus à renouveler leur alliance pour renforcer la liberté, la démocratie, l’indépendance et la paix dans un esprit de solidarité et d’ouverture au monde, Déterminés à vivre ensemble leurs diversités dans le respect de l’autre et l’équité, Conscients des acquis communs et de leur devoir d’assumer leurs responsabilités envers les générations futures, sachant que seul est libre qui use de sa liberté et que la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres ».
Je répète : « se mesure au bien-être du plus faible de ses membres » !

Mesdames, Messieurs, chers enfants, chers amis, je vous souhaite une belle Fête, conviviale et joyeuse !

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