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jeudi 21/11/2024

Des experts médico-légaux suisses (ESC) de l’Université de Lausanne intéressés par les personnes disparues ont passé dix jours au Kosovo et en Serbie

Dans le cadre d’une mission menée en Serbie et au Kosovo, un groupe d’experts de l’ESC teste l’utilisation de nouvelles technologies pour retrouver des personnes disparues

Du 14 au 25 octobre 2024, un groupe d’experts de la Faculté des sciences criminelles (ESC) de l’Université de Lausanne s’est rendu en Serbie et au Kosovo pour examiner comment les nouvelles technologies sont utilisées dans les enquêtes sur les personnes disparues peu avant, pendant et après le Kosovo. . guerre. Cette visite d’experts, qui s’inscrit dans le cadre du mandat de la Division Paix et Droits de l’Homme du DFAE, constitue la contribution de la Suisse à la mise en œuvre de la déclaration sur les personnes disparues, adoptée le 2 mai 2023 par le Kosovo et la Serbie.

Vingt-cinq ans après la fin de la guerre du Kosovo, sur les quelque 4500 personnes portées disparues, plus de 1600 n’ont toujours pas été retrouvées. L’incertitude entourant le sort des disparus est très éprouvante pour les proches. La question des personnes disparues est l’une des conséquences à long terme de la guerre, car sans certitude absolue, les proches ne peuvent entamer leur travail de deuil. Il est donc crucial pour les personnes concernées de savoir ce qu’il est advenu de leurs proches disparus, annonce le journal suisse en albanais Le Canton27.ch

L’incertitude quant au sort des personnes disparues peut également avoir des répercussions dévastatrices et durables sur les communautés, qui sont dans l’impossibilité de tirer un trait sur le passé et d’aller de l’avant. Cela peut générer des fractures au sein de sociétés entières.

Processus de normalisation des relations entre la Serbie et le Kosovo
La Suisse participe au traitement des conséquences de la guerre en Serbie et au Kosovo et soutient ces deux pays dans la mise en œuvre de la déclaration sur les personnes disparues, signée le 2 mai 2023 à Bruxelles par le président serbe Aleksandar Vucic et le premier ministre kosovar Albin Kurti. Par cette déclaration, les parties s’engagent à garantir un accès complet à des informations fiables et précises et à coopérer étroitement pour permettre l’identification des lieux de sépulture et la réalisation de fouilles. Le but est de localiser, d’exhumer et d’identifier les restes de personnes ayant disparu entre 1998 et 2000, soit avant, pendant et immédiatement après la guerre.

Télédétection par laser (lidar)
La coopération prévue comprend l’utilisation de données satellitaires et de nouvelles technologies comme les systèmes de télédétection par laser dite « lidar » (acronyme anglais de light detection and ranging). La télédétection par laser est utilisée pour créer des cartes à haute résolution avec des applications dans des domaines tels que la topographie, l’archéologie, la géographie, la géologie, la sismologie, la météorologie ou encore la sylviculture. Cette technologie de balayage laser par drones peut aujourd’hui aussi être utilisée dans le domaine de la recherche de personnes disparues. L’utilisation de la technique lidar en Serbie et au Kosovo a été instituée à l’origine dans le cadre de l’un des dialogues sur le traitement du passé (Dealing with the Past Dialogues), organisés conjointement par la DPDH et la Fondation suisse pour la paix Swisspeace.

Dialogues sur le traitement du passé (Dealing with the Past Dialogues)
Chaque année, en collaboration avec la Fondation pour la paix Swisspeace, la DPDH organise en Suisse des retraites de huit jours consacrées au traitement du passé (Dealing with the Past Dialogues ou DwP Dialogues). Ces rencontres visent à familiariser des responsables politiques et des spécialistes avec les aspects théoriques et pratiques du travail de mémoire et avec l’application d’approches globales en la matière. Elles permettent en outre aux participants d’acquérir des connaissances approfondies sur les concepts et les mécanismes du travail de mémoire, mais également de se pencher sur sa dimension politique et sur son intégration dans les efforts de paix.

La technique lidar consiste à effectuer le balayage laser d’une zone géographique. Lorsqu’un faisceau laser rencontre un objet, celui-ci est réfléchi vers le capteur. Le système peut alors mesurer le temps qu’a mis le faisceau laser pour aller de la source à l’objet et inversement. Cette technique permet d’effectuer des mesures précises et rapides sur une zone préalablement définie. La fiabilité des données dépend, d’une part, des conditions météorologiques, et, d’autre part, des modifications du terrain survenues depuis l’événement, induites par exemple par des activités de construction qui pourraient fausser le résultat.

Mission d’experts menée en Serbie et au Kosovo
L’applicabilité de la technologie lidar dans la recherche de personnes disparues est encore en phase de validation. C’est dans ce but précis qu’il a été fait appel à l’École des sciences criminelles (ESC), rattachée à l’Université de Lausanne. Cet établissement a acquis en effet une solide expertise dans le développement et l’utilisation de cette technologie. En 2023, des représentants serbes et kosovars des commissions gouvernementales sur les personnes disparues se sont rendus à l’ESC. Organisé en prélude à la visite d’experts de l’ESC prévue du 14 au 25 octobre 2024, ce premier échange a permis d’identifier et d’analyser les zones d’intervention, les attentes et les besoins de la mission.

Pendant la mission d’experts, l’utilisation de la technique lidar a été combinée avec celle de la méthode d’exploration géophysique par radar pénétrant ou géoradar (appelé en anglais GPR pour Ground Penetrating Radar). Cet outil de reconnaissance permet de sonder le sous-sol à l’aide d’ondes électromagnétiques à haute fréquence. Il peut être utilisé même en cas de mauvaises conditions météorologiques, lesquelles restreignent l’utilisation du lidar. Les données collectées sont traitées directement sur place. Les mesures effectuées sont ensuite consignées dans un rapport et les résultats sont analysés. La mission a également pour objectif d’évaluer le potentiel général de cette technologie pour la recherche de personnes disparues. Elle est aussi l’occasion de mener des échanges sur les questions pratiques liées à l’utilisation du lidar et de favoriser, au niveau technique, le dialogue entre les experts serbes et kosovars des deux commissions.

La certitude, condition d’une paix durable
Le processus de recherche et d’identification des personnes disparues, partie intégrante de la diplomatie humanitaire et de la promotion de la paix, constitue un domaine d’activité important de la coopération internationale de la Suisse et figure parmi les thèmes prioritaires de la division Paix et droits de l’homme (DPDH) du DFAE. Il s’inscrit dans le cadre du travail de mémoire et contribue, sur le plan humanitaire, au règlement des conflits. Ce processus permet de restaurer la confiance et de dépasser les lignes de conflit au sein de la société. Le travail collectif de mémoire crée des canaux de communication qui peuvent être utilisés en vue d’éventuels dialogues futurs.

La Suisse soutient la mise en œuvre d’initiatives dans le domaine du travail de mémoire en apportant aide et conseil aux États qui en font la demande et en accompagnant les processus politiques. La formation et le perfectionnement d’experts, ainsi que le développement de nouvelles idées et de nouveaux concepts font partie des activités menées par la Suisse dans le cadre de la recherche de personnes disparues.

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