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vendredi 22/11/2024

Fabienne Fischer: La communauté albanaise de Genève est un exemple d’intégration en Suisse

L’avocate Mme Fabienne Fischer, la candidate pour la conseiller d’État lors d’un entretien avec le journaliste Nefail Maliqi


«Les Kosovars à Genève sont connus pour leur capacité de travail, leur sens des affaires et leur capacité d’intégration économique. Genève a déjà fait beaucoup pour l’intégration des Kosovars » a déclaré Mme. Fabienne Fischer candidate verte au Conseil d’Etat genevois, dans une interview au journale suisse en albanais Le Canton27.ch

* Dans une semaine (7 mars) se déroulera l’élection complémentaire d’un membre du Conseil d’Etat genevois. Qu’attendez-vous de cette élection ?

FISCHER: Mon élection pourrait premièrement ramener un peu de stabilité et de sérénité au sein d’un gouvernement miné par l’ « affaire Maudet ». Je suis la seule femme à me présenter. Je ne suis pas une femme du sérail, je viens de la société civile. J’amène une autre vision, une fraîcheur face aux vieux problèmes, une autre manière de travailler. Mon expérience d’avocate m’a appris l’art de la négociation. Je commence par écouter les parties, par exemple des partenaires sociaux, et identifier les besoins, puis on construit ensemble une solution qui répondent aux besoins de chacun.

Aujourd’hui, la société est inquiète des conséquences de la Covid, de la précarisation et de la misère qui augment, du réchauffement climatique. Cette élection doit permettre de changer de cap. Maintenant. Et nous devons être solidaires, pour tous aujourd’hui, pour nos enfants et les enfants de nos enfants demain.

* Quelles seront vos priorités si vous êtes élue à la tête de l’Etat ?

FISCHER: Dans l’urgence, il faut premièrement, indemniser à 100% les personnes et les entreprises touchées par l’interdiction d’exercer leur activité. Pour cela, il faut simplifier les processus d’attribution des aides. Les procédures sont souvent trop compliquées. Je suis confrontée en permanence aux difficultés des personnes et des entreprises. Je dispense des conseils à des PME locales, dans de multiples domaines, et cela m’apprend beaucoup sur la réalité qu’elles vivent. Une autre priorité sera de faire remonter les préoccupations de la population jusqu’au gouvernement. Deuxièmement, il faut protéger les locataires, tant de logements que de locaux commerciaux, contre la résiliation de leur bail pour des motifs liés à la Covid. Il faut impérativement éviter que des entreprises soient poussées à la faillite et des familles à la rue.

Mais la priorité des priorités, sur le moyen et long terme, est la lutte contre le changement climatique. Et pour être efficace, il faut investir massivement, en nous appuyant sur les entreprises : dans la rénovation des bâtiments, dans l’agriculture, dans les services à la personne. Pour le climat, il est très important relocaliser l’économie et créer des milliers d’emplois non dé-localisables. Cela garantira à terme la prospérité de tous.

* Comme vous le savez, Genève n’est pas uniquement une ville européenne, elle est aussi un centre international où vivent plus de 40 nationalités. Que signifie pour vous cette mosaïque multiculturelle et internationale?

FISCHER: C’est évidemment la richesse de Genève. Je suis avocate, mais avant cela j’ai enseigné 15 ans l’histoire et les sciences humaines au Collège Rousseau. J’ai adoré enseigner dans un contexte très multiculturel. Les contacts avec les élèves et leurs parents étaient très stimulants, beaucoup d’ailleurs, venaient du Kosovo. Genève ne valorise pas suffisamment cette richesse. Il est important de valoriser la langue et la culture d’origine. Toutes les études démontrent que mieux les personnes parlent leur langue d’origine, plus elles connaissent leur culture, et plus elles apprennent vite le français et s’intègrent rapidement à la vie culturelle et démocratique de notre ville et de notre pays. Les migrants sont à la fois des ambassadeurs de leur pays en Suisse, et des ambassadeurs de la Suisse dans leur pays d’origine. La diversité culturelle à Genève doit également se refléter dans la fonction publique. J’y serai attentive.

* En Suisse et à Genève réside une grande communauté albanophones / kosovare. Quelle est, selon vous, son image ? Les membres de cette communauté sont-ils bien intégrés ?

FISCHER: Pour répondre rapidement à votre question, les Kosovars à Genève sont connus pour leur capacité de travail, leur sens des affaires et leur capacité d’intégration économique. Mais, la vision que chacun se fait des communautés étrangères est bourrée de stéréotypes, plus ou moins xénophobes. Il est impératif de sortir des caricatures qui enferment les jeunes d’origine étrangère dans une image d’eux-mêmes et de leur culture, qui ne correspond ni à leur désir d’inclusion sociale et d’insertion économique, ni à la réalité très multiculturelle de leur quotidien. Il faudrait commencer par décloisonner les esprits. Genève a déjà fait beaucoup pour l’intégration des Kosovars. Je pense notamment à la création de l’Université populaire albanaise, et au travail admirable de l’ancien président des Verts suisses, Ueli Leuenberger. C’est dans cette vision que je m’inscris et que j’aimerais développer.

* Concernant la Covid-19, à Genève, empêche-t-il les processus du bon fonctionnement de l’Etat ?

FISCHER: Oui. Comme partout ailleurs dans le monde. Il faut maintenant revenir le plus vite possible à la normale, sans laisser personne au bord du chemin. Pour éviter la casse économique et sociale, je le répète, il faut indemniser pleinement toutes les personnes et les entreprises qui ont été empêchées de travailler depuis le début de la pandémie.

* il y a deux semaines, au Kosovo, un nouveau gouvernement a été élu, au sein duquel la jeune génération a pris en main la conduite du pays. Que pensez-vous de ces élections?

FISCHER: J’ai pris connaissance avec satisfaction des résultats des élections au Kosovo, et mes amis qui sont engagés depuis des nombreuses années dans le travail de soutien des Kosovars le sont également. Une nouvelle génération, certainement avec le soutien de la majorité de la diaspora qui vit en Suisse, fait confiance aux vainqueurs qui ont un programme clair contre la corruption, pour le développement des institutions démocratiques. La justice sociale, la création d’emploi et les préoccupations environnementales sont des points importants du programme que la nouvelle équipe dirigeante défend. Je pense qu’avec cette équipe, les relations, particulièrement économiques, entre la Suisse et le Kosovo seront stimulées. Je m’en réjouis.

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