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mardi 19/03/2024

Fabienne Fischer: A Genève, le taux de chômage (3,8% en janvier 2023) est au plus bas depuis 30 ans. Mais il y a quand même environ 13’000 personnes en recherche d’emploi, qui ont besoin d’une «politique de l’emploi» pour trouver leur place sur le marché du travail

Conseillère d’Etat Mme. Fabienne Fischer en conversation avec la rédacteur en chef du journal suisse en albanais Le Canton27.ch

Interview avec Mme. Fabienne Fischer, Conseillère d’Etat, département qui regroupe l’économie et l’emploi (DEE) pour Le Canton27.ch

  • Madame la Conseillère d’Etat, vous êtes en charge d’un département traitant du chômage. Qu’en est-il de la situation du chômage à Genève après la pandémie? Pour les jeunes? Pour les séniors?

Fabienne Fischer: Oui, au gouvernement, je dirige le Département de l’Economie et de l’Emploi pour le Canton de Genève. C’est important que l’économie et l’emploi soient réunis dans le même département. Pour que notre économie soit forte et capable de résister aux crises, elle doit reposer sur des emplois locaux et stables, dans des entreprises elles aussi locales et stables ! C’est ce que je veux renforcer, c’est la première chose à faire pour prévenir les risques de licenciements collectifs et empêcher que le chômage reparte à la hausse.

Actuellement, je suis inquiète pour l’emploi dans le secteur bancaire, suite au rachat du Crédit suisse par l’UBS. Parallèlement, d’autres secteurs ont besoin de beaucoup de bras et offrent des débouchés intéressants. Je pense aux métiers techniques du bâtiment (électricité, ferblanterie, chauffage, étanchéité, etc.) et aux métiers de soin et aide aux personnes (infirmier.e, aide-soignant.e, assistant.e en santé communautaire, éducateur.trice du jeune enfant, etc.). Et d’autres secteurs encore sont en pénurie de main d’œuvre, comme l’hôtellerie et la restauration. L’Etat doit encourager la formation dans ces domaines, prioritairement les formations en entreprise, que ce soit les premières formations pour les jeunes ou des reconversions au cours de la vie active.

A Genève, le taux de chômage (3,8% en janvier 2023) est au plus bas depuis 30 ans. Mais il y a quand même environ 13’000 personnes en recherche d’emploi, qui ont besoin d’une « politique de l’emploi » pour trouver leur place sur le marché du travail. Ma priorité ira à des programmes pour les personnes qui ont des difficultés supplémentaires pour revenir sur le marché du travail après un accident de parcours : par exemple des personnes de plus de 50 ans qui sont considérées par les employeurs comme « trop chères » ou plus assez qualifiées pour les métiers d’aujourd’hui ; des personnes d’origine étrangères qui doivent souvent franchir une barrière supplémentaire à l’embauche. Mais je pense bien sûr aussi aux jeunes qui ne parviennent pas à trouver un premier emploi. La difficulté est que la politique en matière de chômage dépend de Berne, et elle est restrictive. Mais il y a une marge de manœuvre pour développer des projets, comme le pilote Level+ qui, depuis deux ans, soutient les personnes de plus de 50 ans en recherche d’emploi, et qui est financé par la Confédération. Il y a également l’espace NoLimit, qui accueille tous les jours à l’Office cantonal de l’emploi, sans rendez-vous, les personnes qui ont besoin de soutien informatique. Et nous pouvons aussi mettre en oeuvre des projets cantonaux avec un financement cantonal !

  • Si vous êtes réélue au Conseil d’Etat lors des prochaines élections de ce printemps, souhaiteriez-vous garder la gouvernance du département de l’économie et de l’emploi?

Fabienne Fischer:  Oui, sans hésitation. Après deux ans, j’ai identifié les besoins en matière de formation, d’emploi, et pour l’économie locale et durable. J’ai pu semer des graines Aujourd’hui ces graines commencent à fleurir, c’est le printemps (rires). Sérieusement, il reste beaucoup à faire pour pouvoir en récolter les fruits dans les 5 prochaines années, et mes services y sont prêts, tout comme moi!

  • Dans le cas affirmatif, quel serait le programme politique que vous souhaiteriez appliquer pour l’emploi et l’économie pour la prochaine législature?

Fabienne Fischer: Mon action politique s’est articulée autour de trois piliers : un salaire correct – j’ai défendu à Berne le salaire minimum genevois parce que les personnes qui travaillent à plein temps doivent pouvoir vivre de leur travail ; des horaires et des conditions de travail qui respectent les lois – il faut réguler les « plateformes », comme Uber qui a dû régler tous ses arriérés ; et une concurrence loyale entre les entreprises – une toute nouvelle loi permet maintenant de suspendre les entreprises qui violent la loi, sur les chantiers. Eh bien, c’est le programme que je vais continuer à mettre en œuvre ! Concrètement, cela va passer par faciliter l’accès aux formations d’avenir, avec un fort potentiel d’embauche, notamment pour les jeunes, mais aussi pour les personnes en recherche d’emploi. Cela va aussi passer par le soutien aux entreprises qui oseront se lancer dans des modèle d’affaire durables (objectif zéro carbone, respect de l’environnement), parce que ces entreprises seront plus compétitives et feront la prospérité de Genève. Ce programme politique allie les actions pour le climat et la justice sociale. Pour cela, il faut favoriser le dialogue entre les partenaires que sont le patronat, les syndicats et l’Etat. Parce que les solutions construites ensemble, auxquelles les employés et les employeurs adhèrent, sont celles que l’on peut réaliser.

Fischer: Les Albanais du canton de Genève ne sont pas seulement un exemple d’intégration, mais aussi des ambassadeurs de leur pays

  • Est-ce que les communautés étrangères, notamment les jeunes et les séniors, sont plus touchées par le chômage que les ressortissants suisses?

Fabienne Fischer: Cela dépend des tranches d’âge… mais au-delà des statistiques, les personnes migrantes, les jeunes et les seniors ont besoin d’un soutien spécifique et je vais renforcer ce dispositif. Il y a des parcours qui rendent le retour à l’emploi plus difficile, et souvent pour les femmes plus particulièrement : ne pas avoir terminé ses études, avoir changé de pays, ou avoir arrêté quelques années de travailler pour s’occuper des enfants, être seul.e à s’occuper de sa famille, ne pas avoir de place en crèche. Sur ce dernier point, il y a une injustice qui touche à l’absurdité : une femme qui ne travaille pas n’est pas prioritaire pour mettre ses enfants en crèche … et comme elle est occupée avec ses enfants, elle n’est pas considérée comme « apte au placement»…

  • Quel est le rôle des étrangers résidants à Genève dans le développement de l’économie locale? Et en particulier celui de la communauté albanophone ?

Fabienne Fischer: Chaque communauté apporte à Genève son dynamisme, et cette diversité contribue de manière importante à la prospérité de notre économie locale comme à la richesse culturelle de Genève. Je ne ferais donc pas de différence entre les albanophones et les autres ! J’aime nous sentir toutes et tous partager le même engagement pour Genève. A mes yeux, Genève ne valorise pas assez la compétence linguistique et plus largement culturelle des personnes d’origine étrangère. Bien sûr, il faut mettre en place des moyens importants pour que toute personne étrangère acquière un solide niveau de français ; c’est indispensable pour l’insertion professionnelle, et plus largement pour l’intégration sociale. Et parallèlement, il faut valoriser une très bonne connaissance de la langue et de la culture d’origine. Cette double compétence linguistique est de grande valeur sur le plan économique, et il faut la faire mieux reconnaître. En plus, cela fait de chaque personne d’origine étrangère une ambassadrice de Genève et de la Suisse dans son pays d’origine, et une ambassadrice de son pays et de sa culture en Suisse et à Genève.

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